29.7.09

Analyse 18 (2009)

Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 29 juillet 2009

cpjmo@yahoo.fr


Obama: un canon enrobé de «philosophie» diplomatique

Que pensez-vous d’Obama? Le commun des mortels vous dira : c’est un type bien ! Pourquoi ? Les explications portent essentiellement sur sa personnalité (son calme, sa politesse et son sourire?) et sur le fait qu’il souhaite faire des «choses» en faveur de la paix mondiale mais qu’il a les mains liées. Les responsables sont montrés du doigt : les néoconservateurs et autres milieux réactionnaires qui pullulent aux Etats-Unis.

C’est oublier qu’Obama a été sélectionné (oui, sélectionné) par une importante fraction de la haute bourgeoisie financière et militariste américaine pour représenter l’ensemble de l’oligarchie belliciste et colonialiste américaine dans le but de réaliser plusieurs objectifs : sur le plan extérieur, et après le passage de «l’ouragan» Bush, redresser l’image néfaste des Etats-Unis (en bonne voie) ; consolider les conquêtes territoriales de l’ère Bush (chose en train de se faire, avec l’envoi prévu de 21000 militaires supplémentaires en Afghanistan) ; empêcher l’expansion des adversaires des États-Unis.

Sur le plan «Afpak», la situation semble plus que jamais bloquée. Avant le lancement de l’opération «Khanjar» (Coup d’épée) lancée par les Américains jeudi 02 juillet 2009 et celle «Griffe de panthère» lancée par les Britanniques le 23 juin 2009, le journaliste du Monde, Rémy Ourdan, écrivait dans Le Monde du 04 juillet 2009: «Le gouvernement de Kaboul est absent de cinq des treize districts de Helmand, et ses représentants, lorsqu’ils sont présents, sont le plus souvent assiégés dans le chef-lieu».

De son côté, Gérard Chaliand, «spécialiste en géostratégie» révèle que « la majeure partie des troupes américaines comme celles de l’OTAN (11000 hommes à Bagram, 9000 à Kaf, 7000 au camp Solerno, 7000 au camp Bastioni, 3500 au camp Holland) quittent rarement leur cantonnement et n’occupent plus le terrain»(1). Autrement dit «la proportion de ceux qui sortent de ces «bases avancées d’opérations» n’atteint pas 10%» (1).

Que comprendre des affirmations ci-dessus? Que le moral des militaires des forces d’occupation est au plus bas. Qu’ils ne comprennent pas, malgré la profusion des propagandes officielles, pourquoi et pour qui se battent-ils à des milliers de kilomètres de chez eux, dans un pays étranger, connu pour être imprenable? La conclusion tombe toute seule : «Rien n’indique que l’opération Khanjar (« Coup d’épée »), lancée jeudi 2 juillet, sera plus victorieuse que les précédentes» (Rémy Ourdan- LM du 04/07/09).

Par qui remplacer les militaires démotivés? Par des mercenaires, des barbares sans foi, ni loi. Mitrailler les civils afghans sans défense est devenu la spécialité de ces mercenaires. Rémy Ourdan révèle qu’«En rentrant de dîner le soir du 5 mai, après un accident de voiture, quatre paramilitaires d’une société américaine jusqu’alors inconnue, Paravant, ont mitraillé une voiture afghane : un mort et deux blessés»(2). Toujours selon le journaliste : «les contrats sont souvent opaques et que ces hommes échappent à la fois aux justices nationales et à la justice militaire.»
Qui porte la responsabilité de ces meurtres, sévèrement sanctionnés dans un pays de droit, si ce n’est l’administration Obama et Obama lui-même en tant que chef d’état major des armées d’occupation? Il est à souligner que «Paravant est une filiale discrète de Blackwater, impliquée dans de multiples tueries et assassinats en Irak et rebaptisée Xe».

On voit bien qu’en «Afpak», Obama poursuit exactement les mêmes objectifs que Bush: l’hégémonie planétaire des Etats-Unis, coûte que coûte.

Au Caucase, malgré les échanges apparents d’amabilités entre l’administration Obama et les Russes, les tensions continuent avec la Russie. En effet, le renforcement du potentiel militaire de la Géorgie est à l’ordre du jour. Un détachement de l’armée géorgienne participera à l’effort de guerre en Afghanistan et Joe Biden, vice-président des Etats-Unis, insiste sur le projet d’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine à l’OTAN. L’installation de bases de missiles antimissiles en Pologne et en République Tchèque sert de monnaie d’échange aux Américains dans le but d’arracher des concessions aux Russes dans d’autres régions du monde, en Asie centrale, au Caucase ou au Moyen-Orient.

On voit bien que dans cette région du monde, Obama poursuit la même politique que l’équipe Bush.

Comme l’ancienne administration américaine, la Palestine est l’enfant oubliée de l’actuelle. Certes, Obama parle à l’envie de la nécessité de créer un Etat palestinien. Mais, Israël esquive la question en détournant l’attention sur la nécessité de résoudre la «question nucléaire iranienne», bien avant celle des Palestiniens.

D’aucuns attendent énormément de l’envoi des émissaires d’Obama au Moyen-Orient. Mais, rien n’est fait pour forcer Israël à arrêter la colonisation. C’est qu’Israël sait bien que, faute de pressions concrètes et sérieuses de la part de l’administration Obama, il peut continuer son forfait.

D’ailleurs, chaque fois qu’Obama intervient, c’est pour stigmatiser le programme nucléaire coréen et iranien. Il ne dit mot sur la Palestine et le danger que représentent Israël, ses missiles, ses bombes atomiques et ses sous marins lanceurs de missiles nucléaires, pour la sécurité des pays arabes, du Moyen-Orient et du monde.

On voit bien que depuis le 20 janvier 2009, date d’intronisation d’Obama, les lignes ne bougent pas en «Afpak», au Caucase, en Asie centrale et au Moyen-Orient.

Faute d’apporter des remèdes aux problèmes mondiaux, Obama philosophe à la New Economic School de Moscou : en 2009, une grande puissance «ne montre pas sa force en dominant ou diabolisant les autres pays. Les jours où les empires pouvaient traiter les Etats souverains comme les pièces d’un jeu d’échec sont finis»(3). Soit Obama ignore l’histoire de son pays, l’empire qui traite l’Irak et l’Afghanistan comme «les pièces d’un jeu d’échec» et qui diabolise l’Iran, la Corée du Nord, la Russie, la Chine, le Venezuela,…, soit il était éméché lorsqu’il prononçait son discours !

Comme G. Bush, B. Obama poursuit la politique militariste et colonialiste des milieux bellicistes et hégémoniques, liés au complexe militaro-industriel et aux milieux pétroliers et financiers qui, grâce à l’argent public, ignorent la crise économique et continuent à spéculer, distribuant des milliards de bonus aux banquiers et autres traders, alors que le peuple américain croule sous les dettes et continue de souffrir de la pauvreté et du chômage.
Bravo Obama !

(1) Le Monde du 05juin 2009.
(2) Le Monde du 12 juin 2009.
(3) Le Monde du 08 juillet 2009.

10.7.09

Analyse 17 (2009)

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 10 juillet 2009


cpjmo@yahoo.fr


La politique de la main tendue d’Obama patine


Pourquoi Israël menace-t-il l’Iran ?


Depuis l’élection de Barack Obama, les médias euro-atlantiques ne cessent de nous bassiner avec la main tendue de Barack Obama en direction de l’Iran, de la Russie, de la Palestine, des musulmans. Bref, tout le monde a sa ration de main tendue !


Ceux qui ignorent les critères qui guident les relations entre États, pensent que la main tendue signifie la fin des hostilités, l'accord sur tous les dossiers, l'embrassade, la réconciliation et le début d’un monde sans conflits.


Que signifie la politique de la main tendue de B. Obama en langage diplomatique? Elle marque la fin d’une époque, celle de la politique belliciste et unilatéraliste des Etats-Unis envers ses alliés européens et les puissances hostiles (Russie, Chine, Iran) et le début d’une autre époque, celle de la politique multilatéraliste. Faut-il rappeler que la politique unilatéraliste de l’époque Bush a échoué bien avant l’accession de B. Obama à la présidence. Le nouveau président ne fait que poursuivre dans la voie tracée par l’ancienne administration.


Il est à souligner que la politique de la main tendue s’applique en fonction des rapports de force. Examinions, d’abord, le cas de la Russie, puissance eurasiatique, très éloignée des champs de batailles du Moyen-Orient.


Récemment, la secrétaire d’Etat américaine a posé avec son homologue russe à côté d'un bouton «reset» (redémarrage). Lors de son entretien du lundi 06 juin, et selon les médias, B. Obama a discuté de quatre dossiers avec son homologue russe: le désarmement, le bouclier antimissile en Europe orientale, l’Iran et l’Afghanistan. Pour Corine Lesnes, journaliste du Monde, cela montre que «le «reset » est en marche» (LM du 08/07/09). Voyons ce que signifie «en marche»?


Concernant le désarmement «les négociateurs ont instruction de travailler à rédiger un accord avant le 5 décembre date d’expiration du traité Start de 1991.» Selon le nouveau traité, et dans un délai de sept ans, les deux puissances devraient réduire sensiblement le nombre de leurs têtes nucléaires et de leurs missiles intercontinentaux. Selon «Gary Samore, le coordinateur antiprolifération de la Maison Blanche, l’accord n’a rien de contraignant et on ne peut pas exclure que les chiffres soient, au final, différents». (souligné par nous).


Concernant le bouclier antimissile, les Russes souhaitent «lier la question à la discussion sur le suivi du traité Start». B. Obama «estime pouvoir convaincre Moscou que le bouclier est dirigé contre l’Iran et la Corée du Nord» (Souligné par nous).


Une déclaration commune américano-russe stipule que les experts des deux pays vont «travailler ensemble» pour procéder à «une analyse commune de la menace» représentée par l’Iran et la Corée du Nord. Là encore «la partie américaine n’a pas hésité à nuancer».


Concernant l’Iran «nous (américano-russes) ne sommes pas d’accord sur l’évaluation de la menace (…) les Russes sont plus préoccupés par les missiles et nous par le nucléaire».


Les divergences étant profondes, les américano-russes ont décidé d'"établir un centre commun d’échange d’informations sur les «programmes de missiles dans le monde»».


Là encore, Michael McFaul, conseiller pour la Russie dit qu’il convient de relativiser (Souligné par nous).


Le seul point d’accord des Américano-russes: l’Afghanistan, où les Américains ont obtenu pleine satisfaction. «L’armée américaine pourra transiter par la Russie, ce qui lui permettra d’éviter le Pakistan» (Corine Lesnes- LM du 08/07/09).


Si nous comprenons bien, le «reset» signifie : accords pas contraignants, engagements à nuancer, désaccords complets sur l’Iran et la Corée du Nord et échanges d’informations à nuancer. Pour un «redémarrage», ça patine bien !


Malgré la main tendue, la compétition avec la «vieille Europe» fait rage sur le Moyen-Orient. En effet, il semble que l’Iran préfère discuter directement avec les États-Unis, au détriment des puissances européennes (Angleterre, France, Allemagne). Lesdites puissances, suivant les ordres des États-Unis, perdent de plus en plus de parts de marché en Iran, qui s’approvisionne en Asie (Chine, Inde, Corée du Sud). Le développement des relations avec les États-Unis se manifeste par le développement des coopérations irano-américaines en Irak et en Afghanistan, où l’instabilité touche désormais des provinces du Nord comme Kunduz et Badghis.


Malgré leur soutien militaire, les alliés européens sont méprisés par les Etats-Unis. Un exemple : «Le récent remplacement, sur décision américaine, du commandement de la force de l’OTAN en Afghanistan s’est fait sans grande consultation avec les alliés. Les frappes au Pakistan, par des drones américains, se font à titre unilatéral. Les opérations en «Afpak» sont devenues une affaire américaine avant tout » (Natalie Nougayrède- LM du 7-8/06/09).


«Sans consultation et unilatérale» résume la nature de la main tendue américaine vis-à-vis de ses alliés européens, du moins en Afghanistan, voire même en Irak et au Moyen-Orient. Les menaces proférées par Sarkozy, Merkel ou Brown à l’encontre de l’Iran visent-elles à donner plus d’importance à l’Europe et faire comprendre aux Etats-Unis de ne pas oublier l’Europe lors de ses marchandages avec l’Iran? Toujours est-il que les autorités iraniennes connaissent bien la valeur exacte des alliés des Etats-Unis et la Grande Bretagne semble être la seule qui vaille une réaction.


L’écartement relatif des alliés européens des dossiers importants au Moyen-Orient rapproche ces derniers d’Israël, mécontent de l’attitude des Etats-Unis. Est-ce pour cette raison que les israéliens menacent de bombarder les installations nucléaires iraniennes pour faire capoter le dialogue américano-iranien? Toujours est-il que ces menaces sont à double tranchant et servent également les intérêts américains qui l’utilisent comme moyens de pression sur l’Iran afin de faire plier Téhéran.


L’armée américaine est-elle en mesure d’ouvrir un nouveau front, par exemple en Iran? La réponse semble négative. L’armée américaine n’est pas au meilleur de sa forme. Malgré la crise économique profonde, les dépenses explosent: «Aujourd’hui, le seul paiement des salaires et contrats divers coûte, chaque mois, 9,9 milliards en Irak et 2,4 milliards en Afghanistan (…) Le pays est passé, en huit ans, d’un surplus budgétaire de 236 milliards de dollars à un déficit prévu de 407 milliards en 2009. Un montant qui pourrait grimper encore, crise économique et financière oblige» (Jean-Pierre Stroobants- LM du 12/06/09).


Pour l’instant, avec la politique de la main tendue, les Américains consolident leurs positions au Moyen-Orient et en Asie centrale. Les lignes ne bougent pas. C’est le statut quo au Liban, en Palestine, en Irak et en Somalie. En ce moment, tout se cristallise sur l’«Afpak».


Un faux pas des Etats-Unis (ce qui risque d’arriver en «Afpak») et c’est la montée des enchères. Après la politique unilatéraliste de Bush et celle de la main tendue d’Obama, à qui reviendrait l’application de la politique de «marche arrière toutes»?

3.7.09

Analyse 16 (2009)

Paix et Justice au Moyen-Orient

STRASBOURG, le 03 juillet 2009


cpjmo@yahoo.fr


République ou Califat?


Les peuples du Moyen-Orient retiennent leur souffle


La République islamique fondée par Khomeiny, avait deux composantes: républicaine, donc élective (Parlement, Président de la République,…) et islamique donc non élective. Pendant trente ans, ces deux composantes ont partagé la tête de l’exécutif. C’était également la volonté de Khomeiny qui souhaitait construire un Etat moderne dominé par la théocratie, servie par des intellectuels «occidentalisés», mais croyants et acquis au clergé chiite. Les éléments les plus emblématiques de ces intellectuels, serviteurs de la théocratie, sont Bani Sadr, premier président de la République (renversé par Khomeiny en 1981) et Mir Hossein Moussavi, premier ministre pendant la guerre contre l’Irak (1980-1988). Cette République traduisait l’adaptation du chiisme à la modernité.


Sur le plan théorique, les théoriciens de l’adaptation insistent sur la prééminence de la religion sur les sciences. Dans la pratique, le clergé souhaite soumettre les intellectuels aux désidératas du clergé, sans les évincer complètement de la scène politique et sociale. Cette approche s’accompagne d’une guerre de l’ombre acharnée qui les oppose et qui se manifeste par des déclarations de type : «Nous (mollahs) n’avons pas besoin d’intellectuels».


Des centaines de milliers d’intellectuels «non conformes» ont été poussés vers la porte de sortie et ont quitté le pays pour travailler, pour les plus chanceux, dans des centres de recherche, des hôpitaux et autres bureaux d’étude en Occident et, pour les moins chanceux, pour gonfler les rangs des chômeurs, ou occuper un travail dévalorisant sans rapport avec leurs diplômes et leur expérience.


La foi n’étant pas suffisante pour affronter les armes sophistiquées de Saddam Hussein ou conjurer les menaces d’intervention des puissances militaires, un grand effort fut consenti pour reformer des spécialistes croyants, capables de faire tourner la roue de l’industrie et rattraper le retard scientifique et technologique pris par l’Iran à la suite du départ de nombreux cerveaux.


Des universités ont fleurie aux quatre coins du pays, des centres de recherches militaires ont été développés un peu partout. Les centrifugeuses pour enrichir de l’uranium, la panoplie de missiles, l’avion de chasse Saegheh et le satellite Omid, mis en orbite par une fusée iranienne (pour ne parler que de ces réalisations) sont sortis des centres de recherche et des usines de la République islamique pour renforcer la capacité militaire et technologique du pays. Parallèlement, l’illettrisme a été combattu et près de 85% des Iraniens ont été instruits dans les écoles, installées dans les endroits les plus éloigné du pays.


L’instruction des Iraniens et le développement de l’intelligentsia a renforcé les valeurs de la République: liberté d’expression, de presse, de réunion, d’élire ses représentants, etc. L’internet et le téléphone portable relient les Iraniens entre eux et à l’étranger. Mais, le clergé continue de claironner que «la foi prime sur les sciences», qualifiant les gens d’«ignorants» (pour ne pas dire moutons) ayant besoin de «bergers» pour rester dans la «bonne voie».


La fraction du clergé chiite, cupide, richissime et à la tête des fondations-trusts, agglutinée autour du duo Khamenei-Ahmadinejad, contrôle une part importante de l’économie nationale. Elle s’est sentie menacée par la montée en puissance du peuple instruit et contestataire. Les femmes jouent un rôle de premier plan dans la dénonciation des lois abjectes et médiévales de la République islamique. Il était temps de trancher entre les réformes dynamiques indispensables, souhaitées par le peuple et par la fraction intellectuelle et réformatrice du régime et l’immobilisme moyenâgeux islamique.


Il est à souligner que l’aile réformatrice est prise entre deux feux : celui de l’aile bigote millénariste qui a fini par concentrer tous les leviers du pouvoir entre ses mains ; et par celui du peuple instruit qui ne veut plus être traité comme des moutons et «être dirigé comme avant».


Pour la fraction réformatrice, s’aligner sur l’aile millénariste signifie la fin de la République islamique, un régime «bicéphale», telle qu’elle a été envisagée par son fondateur. La disparition de la République islamique signifie également l’exclusion des intellectuels croyants du pouvoir. La République se transformant en Califat, version islamisée de l’Empire Perse.


Dans le deuxième cas, le peuple révolté peut rapidement se transformer en révolutionnaire, balayant la République islamique.


Au cours des manifestations qui ont secoué l’Iran, les réformateurs ont surement entendu des «mort au dictateur», «mort à Khamenei» et «mort à la République islamique». Les réformateurs, ont su entrés en scène, prendre la tête de la contestation, aux cris de «sauver la République islamique», menacée aussi bien par les millénaristes que par le peuple révolutionnaire.


Les Iraniens se radicalisent jour après jour. Ils sont décidés d’en finir avec les bigots intégristes, les vrais putschistes du 12 juin. Certains vont même plus loin et ne veulent plus de la République islamique et de la religion. Sentant le danger qui plane sur le régime, les réformateurs résistent et se montrent intransigeants. Même Khatami, l’ancien président de la République, connu pour sa modération, se radicalise et parle du «coup d’état de velours contre le peuple et l’ordre républicain».

Dans son communiqué du premier juillet, Mir Hossein Moussavi énonce ses exigences: l’application de l’article 27 de la Constitution qui prévoit l’autorisation de manifestations pacifiques; liberté de parole, liberté de la presse ; fin de la censure, y compris sur Internet ; libertés politiques et création d’une télévision privée pour contrebalancer le service public, libération de tous les prisonniers politiques ; arrêt des pressions pour obtenir de faux aveux des prisonniers, création d’une nouvelle loi électorale difficile à enfreindre, etc.


Les exigences formulées dans le communiqué de M.H.Moussavi rejoignent la volonté du peuple. A son tour, le quartier général de Moussavi a fait circuler la photo de l’entourage proche de Moussavi, désignant ainsi les futurs dirigeants de l’opposition. Une façon de fermer la porte à l’émergence d’une opposition hostile à la République islamique.


Jeudi 2 juillet, une manifestation a été organisée devant l’ambassade de Russie à Téhéran pour protester contre les messages de félicitation envoyés par le gouvernement russe à Ahmadinejad. Les mères des jeunes disparus ont envoyé une missive aux Iraniens résidents à l’étranger, les suppliant de tout mettre en place pour empêcher la reconnaissance par les pays européens d’Ahmadinejad comme le nouveau président de la République.


Bref, l’Iran est en ébullition et les peuples musulmans du Moyen-Orient retiennent leur souffle. La lutte sera longue et dure et la victoire éventuelle et souhaitée de l’opposition aura des conséquences positives stratégiques pour tous les peuples des pays arabo-musulmans et, peut-être même, au-delà.