26.2.07

Communiqué n° 22

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 28 février 2007
cpjmo@yahoo.fr

Les Etats-Unis et Israël préparent-ils
une grande guerre régionale ?

La fin officielle de la guerre froide, sa conclusion en faveur de l’Occident et l’écroulement de l’Union soviétique, avaient ouvert un boulevard devant la toute puissance des Etats-Unis, qui ont alors occupé les espaces libérés par le reflux de la puissance russe et poussé leurs avances jusqu’aux frontières de l’Empire russe.
En s’appuyant sur leur puissante armée, les Etats-Unis pensaient pouvoir se passer des puissances occidentales rivales, s’imposer au monde entier et imposer leurs lois, en méprisant et bafouant toutes les règles et lois internationalement reconnues et respectées. Ce qui a donné naissance à leur doctrine nommée «unilatéralisme». Un exemple de ce comportement hautain : après l’invasion de l’Afghanistan, les unités françaises prêtes à «offrir leurs services» à l’Oncle Sam, durent attendre quelques semaines avant d’atterrir en Afghanistan à bord des hélicoptères de l’armée américaine!

Six ans plus tard et après avoir subi un échec cuisant en Irak et au Liban via Israël, force de frappe moyen-orientale interposée, l’unilatéralisme bat de l’aile. Les uns après les autres, les alliés des Etats-Unis quittent le navire irakien qui s’enfonce dans la guerre civile. Incapable de reconnaître le changement de rapports de force qui s’opère un peu partout dans le monde, le seul refrain que connaît l’administration Bush est encore celui de l’unilatéralisme. L’installation d’un «bouclier antimissile» en Europe de l’Est relève également de l’encerclement de la Russie et de l’aveuglement de cette administration, adepte du chaos planétaire et d’insécurité généralisée.

Sachant que la Russie dispose d’un «pouvoir de saturation» auquel aucun «bouclier ne pourrait résister», le général Henry Obering, directeur de l’agence de défense antimissile des Etats-Unis essaie de minimiser l’importance du bouclier antimissile américain en Pologne et en République Tchèque : «Même en utilisant tous nos intercepteurs, nous ne serons pas en position d’intercepter les milliers de têtes nucléaires dont disposent les Russes.» (Le Monde du 23/02/07). Alors pourquoi ce bouclier apparemment «inefficace»? C’est pour «intercepter des missiles tirés depuis l’Iran et la Corée du Nord» prétendent les Américains, sans pour autant convaincre les Russes qui voient ce bouclier avec inquiétude.

Concernant l’Iran ou la Corée du Nord, le général reconnaît pourtant que : «Ces pays sont capables de projeter des armes de destruction massive à une grande distance.» L’envoi par l’Iran d’une fusée dans l’espace le 25 février, couplé au «pouvoir de saturation» dont disposeront tôt ou tard l’Iran et la Corée du nord, montrent bien que le bouclier américain à la porte de la Russie suit d’autres objectifs.

Profitant du traité de 1987 sur les missiles nucléaires de portée intermédiaire et courte (FNI), qui interdit aux Etats-Unis et à la Russie de posséder des missiles balistiques de 500 à 5500 km de portée, les Etats-Unis ont installé une base de bouclier antimissile pour compléter l’encerclement de la Russie.

Dans un article d’analyse très détaillé, The Nation, un hebdomadaire américain de gauche accuse les Etats-Unis de chercher : «un encerclement militaire grandissant de la Russie sur ses frontières et au plus près de celle-ci par les bases américaines et celles de l’OTAN, aujourd’hui bien implantées ou en projet dans au moins la moitié des quatorze anciennes Républiques soviétiques, depuis la Baltique jusqu’aux nouveaux Etats d’Asie centrale, en passant par l’Ukraine, la Géorgie et l’Azerbaïdjan. Résultat, on assiste à la mise en place d’un nouveau Rideau de fer, cette fois par les Etats-Unis, et à une remilitarisation des relations américano-russes. » (Courrier international n°851).

Provoquer l’insécurité des «ennemis des Etats-Unis» (La Russie, l’Iran, la Syrie), déstabiliser l’ordre établi en répandant le chaos et la guerre, menacer et encercler les pays récalcitrants à la «Pax americana», ceci résume en quelques mots la politique que mènent actuellement les Etats-Unis dans le monde. Ce pays est devenu une source et une cause d’instabilité mondiale.

Parallèlement à la Russie, encerclée à l’Ouest et au Sud de ses frontières, les porte-avions, sous marins nucléaires et autres navires de guerre menacent l’Iran dans le Golfe persique.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le spectre d’une guerre plane, bel et bien, sur l’Iran. Il s’agit pour les USA cette fois, de diminuer, voire de détruire, l’infrastructure et la puissance militaire et scientifique de l’Iran afin de contrecarrer son influence au Moyen-Orient. L’enjeu est énorme : les intérêts politiques et financiers des oligarchies pétrolières saoudiennes et américaines. Le remplacement du général John Abizaid, chef du Commandement centre des Etats-Unis, partisan du dialogue avec l’Iran et la Syrie, par l’amiral William Fallon, l’ancien chef du Commandement du Pacifique, confirme la volonté de l’administration de G.W.Bush d’en découdre avec ce qu’elle appelle «la menace iranienne». En effet, dialoguer avec l’Iran ne pourra pas se faire lorsque ce dernier sera en position de force alors que les Etats-Unis sont en position de faiblesse, étant donné leurs déboires en Irak et en Afghanistan.

A leur tour, la Syrie et le Hezbollah libanais (alliés de l’Iran) sont dans la ligne de mire d’Israël, l’allié inconditionnel des Etats-Unis. Selon des informations (non confirmées) publiées par le correspondant militaire d’Haaretz, Zéev Schiff, l’armée syrienne se serait rapprochée de la frontière israélienne et «se renforce à un rythme sans précédent avec l’aide de l’Iran dans tous les domaines, à l’exception de l’aviation» (Le Monde du 24/02/07).

Tout porte à croire que les Etats-Unis et Israël se préparent à déclencher une grande guerre régionale. Il semble que l’objectif des Américains est d’intimider et de neutraliser la Russie par le bouclier antimissile puis d’attaquer l’Iran et la Syrie?

La guerre américaine contre l’Iran: «Une perspective apocalyptique» selon le CCG (le Conseil de Coopération du Golfe) (Gilles Paris- Le Monde du 11-12/02/07). N’est-ce pas cela que cherchent les Américains qui, depuis six ans, préfèrent «l’affrontement au compromis»? Tout le monde sait que l’Iran n’est pas l’Irak. Les Américano-israéliens risquent de l’expérimenter à leur tour.

23.2.07

Communiqué n° 21

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 24 février 2007
cpjmo@yahoo.fr

Que révèle la nouvelle «crise des missiles»?

Moscou-Washington

En 1962, l’URSS, l’une des deux «superpuissances» de la «guerre froide» avait installé des bases de missiles nucléaires à Cuba. En réponse, les USA ont rapidement décidé le blocus de Cuba et menacé de lancer une attaque contre l’île. La «crise des missiles» verra son dénouement lorsque les Soviétiques proposèrent de retirer leurs missiles contre le retrait des missiles américains installés en Turquie. 40 ans après, la même «crise des missiles» se répète en sens inverse. Sans consulter la Russie, les Etats-Unis décident seuls d’installer des boucliers antimissiles en République Tchèque et en Pologne. Pour la Russie, ce projet représente «une percée stratégique des Etats-Unis près de ses frontières.» Selon les Américains, ce système vise à protéger les troupes américaines d’une éventuelle menace balistique iranienne. Mais personne n’est dupe : c’est la Russie qui est visée en premier.

L’installation, sans consultation, de boucliers antimissiles en Europe orientale est le fait de l’unilatéralisme américain qui ne reconnaît aucun interlocuteur face à sa suprématie. Condition sine qua non d’une suprématie planétaire et sans partage, les Américains cherchent-ils à s’imposer définitivement, et pour longtemps, par intimidation, aux Russes puis aux Chinois?

Une autre facette de cette course aux armements est le défi que lance les Etats-Unis à tous les pays du monde. A l’époque de la «guerre froide», seules deux puissances étaient en compétition militaire et technologique: les Etats-Unis et l’URSS. Aujourd’hui l’insécurité que font régner dans le monde les puissances nucléaires, en particulier les Etats-Unis, incite les pays soucieux de leur souveraineté à se lancer à leur tour dans la course aux armements. Actuellement, «une trentaine de pays disposent de missiles balistiques» et, tôt ou tard, d’autres pays en disposeront.

Les Etats-Unis sortiront-ils vainqueurs de cette nouvelle compétition à l’échelle planétaire, qu’ils ont eux-même provoquée? De combien de missiles antimissiles auront-ils besoin?

Riyad- Washington et l’impasse américano-israélienne

Avant le huitième voyage de Condoleezza Rice en Palestine, un grand tapage médiatique avait envahi la presse occidentale. Selon le New York Times, le plan de l’ordre du jour avait été préparé par Mme Rice et son homologue israélienne, Tzipi Livni. «Dans le langage de Rice, il y a des choses nouvelles.(…) horizon politique (…), les négociations sur un statut permanent» (Le Monde du 18-19/02/07), etc. Bref, la presse «libre» de la propagande officielle a fait croire que le champagne allait couler, la «Paix» allait être instaurée, car Condoleezza Rice voulait laisser sa marque dans l’Histoire! C’est oublier que Mme Rice n’est qu’une simple employée zélée, au service de l’unilatéralisme, idéologie qui préfère le chaos à la stabilité (la paix), plutôt la guerre entre l’OLP et le Hamas que le gouvernement d’union nationale palestinien. Bref, tout sauf un Etat palestinien, disposant de structures réelles et de frontières sûres et permanentes. D’ailleurs, les Américains n’ont pas tardé à manifester leur «mécontentement d’un accord qui ne correspond pas franchement à leur politique d’isolement du Hamas. » (Le Monde du 18-19/02/07).

Tout porte à croire qu’en ce moment ce sont les américano-israéliens et leur unilatéralisme qui sont de plus en plus isolés sur la scène internationale. En effet l’accord de La Mecque du 8 février, instaurant le gouvernement d’unité nationale palestinien, a été conclu sous les auspices de l’Arabie saoudite, le «grand» allié arabe des Etats-Unis. L’Arabie saoudite a même été félicitée par l’administration Bush. Alors comment interpréter ce dualisme américain, tout à la fois mécontent de l’accord de La Mecque et félicitant son organisateur qui a contribué à sa réussite? Cette contradiction montre le fossé qui se creuse entre les intérêts des tenants de l’unilatéralisme aux Etats-Unis d’une part et ceux de leurs alliés arabes du Moyen-Orient d’autre part.

Comme on pouvait s’y attendre, le huitième voyage de Condoleezza Rice à été un échec car elle n’a pas réussi à provoquer la guerre civile en Palestine. «Mahmoud Abbas a essayé de plaider, dimanche, que l’accord de La Mecque était un bon accord, que c’était le seul moyen pour éviter une guerre civile entre les deux mouvements palestiniens rivaux.» (Le Monde du 20/02/07).

Le mouvement de résistance aux manœuvres de division et de guerre civile provoquées par les Etats-Unis se renforce au Moyen-Orient. Lors de son voyage en Iran, Bachr Al-Assad, le président syrien a stigmatisé «les complots (…) à diviser des pays riches de leur histoire, de leur culture et de leur pluralisme, en mini- Etats dressés les uns contre les autres » (Le Monde du 20/02/07). C’est aussi un avertissement lancé en direction des Kurdes d’Irak qui, soutenus par les Etats-Unis et à l’image d’Israël, tentent de se constituer en un mini-Etat. Une chose est certaine : les pays voisins de l’Irak s’opposeront au partage du pays et à la création d’un «nouvel Israël» au cœur du Moyen-Orient.

Téhéran-Moscou

Vieille de plusieurs siècles, les relations russo-iraniennes, revêtent deux aspects : unité face à l’Occident prédateur et rivalité régionale. Concernant ce dernier aspect, des guerres longues et meurtrières ont opposé la Perse (l’Iran) des Kadjar à l’armée russe. Au dix-neuvième siècle la Perse capitula devant la Russie, en signant le traité de Torkmänchäï en 1828 : Téhéran céda au tsar ses provinces caucasiennes du Daghestan, d’Arménie, de Géorgie, du Nord de l’Azerbaïdjan. L’Union soviétique n’a pas épargné non plus l’Iran. Dans la continuité de la deuxième guerre mondiale, l’URSS favorisa la création des «Républiques soviétiques d’Azerbaïdjan et du Kurdistan» en Iran. Seule la menace des USA d’utiliser l’arme atomique contre l’Union soviétique poussa cette dernière à lâcher ses alliés Azéris et Kurdes.

La Russie, fragile sur son flanc sud (Caucase et autres républiques musulmanes) ne souhaite pas voir émerger un Iran puissant. Les tergiversations de la Russie pour achever la centrale nucléaire de Bouchehr ont pour objectif de favoriser l’ancrage de l’Iran à la puissance russe. C’est méconnaître l’Iran et son histoire.

Réactionnaires sur le plan idéologique, les dirigeants de la république islamique sont de fins stratèges: ils sont manœuvriers, savent faire la guerre (c’est très important !), et tiennent compte des rapports de force qui leur sont actuellement favorables. Les manœuvres d’intimidation des Américains, britannique, Israéliens ou Russes ne peuvent pas les détourner de leurs objectifs: préserver la souveraineté de l’Iran qui se confond avec leurs intérêts économiques et politiques et l’aspiration de la nation. Le développement de la technologie militaire nationale répond au souhait de la nation de compter sur ses propres forces afin de faire face aux chantages des puissances technologiques. Plus dangereux pour la classe dirigeante que les menaces extérieures, c’est le mécontentement intérieur qui peut venir à bout d’un régime au service des nantis et des riches bazaris.

19.2.07

Communiqué n° 20

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 20 février 2007
cpjmo@yahoo.fr


Bilan sans appel de l’unilatéralisme

Que vient faire Condoleezza Rice en Palestine ?

L’UNILATERALISME, théorie des néoconservateurs pour la domination sans partage du monde, avait pour objectif de créer un seul centre de décision planétaire, construit autour des seuls intérêts politiques, économiques et culturels des Etats-Unis; centre organisé autour de l’emploi de la force brute sans limites et de la terreur destructrice à l’encontre des peuples et nations résistants, en particulier du Moyen-Orient, cœur névralgique du monde. Le plan qui sous-tend cette domination se nomme le «chaos constructif». Il a été appliqué à la Palestine, à l’Afghanistan, à l’Irak et finalement au Liban.

SI LE «chaos» s’est bel et bien installé en Afghanistan, en Irak et, en partie, en Palestine, c’est la destruction, l’anarchie, l’instabilité chronique qui ravagent actuellement les pays et région précités. «Plus de deux millions d’Irakiens sont réfugiés à l’étranger, auxquels s’ajoutent 1,8 million de déplacés à l’intérieur du pays. Quelque 50000 Irakiens fuient leur foyer chaque mois.» (Le Monde du 16/02/07). Ces réfugiés, fuyant le rouleau compresseur de la «civilisation américano-bushienne», sont à rajouter aux millions de réfugiés palestiniens dans le monde. On est tenté de dire que «fabriquer des réfugiés» est devenu l’art absolu des gouvernements américain et israélien!

MIS à part en Afghanistan, la France et l’Allemagne n’ont jamais voulu mettre leur diplomatie ou leurs armées au service des ambitions planétaires des Etats-Unis. D’autres pays européens tels que l’Italie et l’Espagne prennent leurs distances. La grogne monte en Grande-Bretagne, au Japon et en Pologne. La Grande-Bretagne a même manifesté son désir de retirer la majeure partie de ses forces d’Irak. Seul, l’Etat d’Israël se tient encore fermement aux côtés des Etats-Unis.

ALORS que l’unilatéralisme visait la destruction des «islamistes», ennemis jurés des Américains, les actions «antiterroristes» menées par les Etats-Unis au Moyen-Orient ont produit l’effet contraire : le renforcement des « islamistes » dans les pays arabo-musulmans du Moyen-Orient et de l’Aise centrale. «Le nombre d’attaques contre les forces afghanes et étrangères a triplé en 2006. Selon la presse, les talibans contrôleraient un territoire quatre fois plus grand que 2005 (...) Leur réservoir de combattants pour faire le djihad (guerre sainte) est quasi inépuisable. » (Le Monde du 17/02/07). En Irak, la puissance des milices chiites et sunnites a considérablement augmenté depuis l’intervention américaine.

DU côté de la Palestine, les actions israéliennes s’inspirant de l’unilatéralisme américain (s’appuyer sur la force brute pour imposer sa politique coloniale ou néo-coloniale, ne reconnaître aucun interlocuteur), ont produit l’effet contraire recherché par Israël : renforcement du Hamas et du Hezbollah.

POUR relancer le «processus de paix», Condoleezza Rice s’est déplacée une énième fois au Moyen-Orient, samedi 17 février. A chaque déplacement de «l’ange de la mort», la tension franchit un nouveau seuil entre Palestiniens d’une part et entre Palestiniens et Israéliens d’autre part. Pourquoi les choses bougeraient-elles lors de ce voyage? Avec l’administration de G.W.Bush, la paix a été vidée de son sens.

LE même phénomène s’observe au Liban. La résistance libanaise s’est considérablement renforcée depuis l’agression israélienne de juillet- août 2006.

CONSEQUENCE de l’unilatéralisme américano- israélien, les mouvements de résistance islamique se développent également dans les «pays amis» des Etats-Unis : l’Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar, le Pakistan où les attentats suicides se succèdent à un rythme accéléré, mettant en danger l’existence du régime de Pervez Musharraf. On dénombre six attentats en un mois.

EN s’enfonçant chaque jour davantage dans les bourbiers moyen-orientaux, les Etats-Unis risquent d’entraîner, dans leur chute, tous les «pays amis». Dans le cadre de la «nouvelle stratégie américaine» pour «sécuriser» Bagdad, les Kurdes envoient deux brigades (officiellement 6000 hommes). Ce qui augmentera la suspicion à l’égard des Kurdes et leur isolement national voire régional.

L’EXACERBATION des tensions, suite à la politique moyen-orientale des Etats-Unis, a conduit les dirigeants arabes de la région (les Saoudiens, les Jordaniens et les Qataries) à demander l’aide de la Russie pour contribuer au règlement des multiples crises qui secouent la région. «Ce qui compte, ce sont nos intérêts et notre sécurité et le renforcement des relations avec toutes les parties qui peuvent nous les garantir» a écrit, lundi 12 février, l’éditorialiste d’Al-Riad, le grand quotidien saoudien, cité par le Monde du 14/02/07.

SIX ans après l’accession au pouvoir de G.W.Bush, le bilan de l’unilatéralisme est sans appel: Le discrédit grandissant américano-israélien, l’émergence de la Russie sur la scène du Moyen-Orient, le renforcement de l’influence iranienne, syrienne et des mouvements de la résistance islamique au Moyen-Orient et en Asie centrale.

LES Etats-Unis et Israël sont les grands perdants de l’unilatéralisme des néoconservateurs représentés par G.W.Bush. L’insistance de G.W.Bush dans ses erreurs stratégiques laisse espérer que les peuples et nations martyres de la région ne vont pas tarder à récolter les fruits des erreurs de l’administration Bush et des sacrifices consentis en résistant aux colonialistes américano-israéliens.

17.2.07

Communiqué n° 19

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 18 février 2007
cpjmo@yahoo.fr

La guerre froide est-elle vraiment finie ?

A qui profite l’exacerbation des tensions inter-ethniques au Liban ?

Après l’effondrement de l’URSS en 1991, l’Occident, mené par les Etats-Unis, a reconquis systématiquement tous les pays de l’ancien pacte de Varsovie. La reconquête avait commencé par l’ex-Yougoslavie qui a été morcelée avec les bénédictions du Vatican et la Serbie, colonne vertébrale de l’ex-Yougoslavie, fut décomposée puis coupée de la mer. Les autres pays d’Europe de l’Est ont été phagocytés et «intégrés», soit à l’OTAN, soit à l’Union européenne. Au sein de cette dernière, ils sont méprisés et considérés comme des «ateliers» bon marché, centres de loisirs, exportateurs de main d’œuvres ou comme pays hébergeant des bases militaires américaines. Un accord «historique» a été signé à Bucarest entre Condoleezza Rice, secrétaire d’Etat américaine et son homologue roumain Razvan Ungureanu, octroyant quatre sites permanents aux Etats-Unis. «L’armée américaine aux portes de l’ex-URSS» notait les «Dernières Nouvelle d’Alsace» (DNA) du 08/12/2005. L’offensive américaine ne s’est pas arrêtée là. A l’aide des ONG américaines, deux autres pays, la Géorgie et l’Ukraine, anciens membres de l’URSS, ont été récupérés par l’Occident. «Après Israël et l’Egypte, l’Ukraine est le troisième pays bénéficiaire de l’aide américaine.» (Le Monde du 29/11/2004). La mer Noire, jadis «mer russe», s’est transformée en «mer américaine» maintenant.

Des «ONG» américaines ont joué un rôle important lors des «révolutions» de couleur dans les ex-pays du pacte de Varsovie. «Freedom House» est l’une des ces «ONG», très active en Ukraine. Elle est dirigée par James Woolsey, un ex-directeur de la CIA et proche du courant néoconservateur du Parti républicain.

L’affaire de la compagnie pétrolière Ioukos est un autre volet de l’offensive américaine : avec la victoire de celle-ci, la cotation de Ioukos à la bourse de New York et à celle de Londres aurait privé la Russie de sa souveraineté.

Sans vouloir épiloguer sur la nature du régime actuel en Russie, Poutine a sauvé, en quelque sorte, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’ex-Empire, mais n’a pas pu empêcher son encerclement par l’OTAN et par des bases américaines : des boucliers antimissile en République Tchèque et en Pologne s’installent. La Russie provoque encore et toujours la crainte de l’Occident qui voit en elle une puissance mondiale potentielle.

En 2001, les Américains se sont retirés du traité ABM (missiles antibalistiques,) signé en 1972 avec l’Union soviétique. Ce traité interdisait la mise en place de boucliers antimissiles.

Devant l’agressivité croissante des Etats-Unis, la Russie pouvait-elle rester les bras croisés ? Moscou a réagi en dénonçant le traité Start II et la course aux armements a repris de plus belle. Le chef du Kremlin a affirmé que la Russie serait bientôt dotée de nouveaux systèmes d’armements «qui n’existent pas et n’existeront pas dans les prochaines années chez les autres puissances nucléaires.» (Le Monde du 19/11/2004). Les spéculations vont bon train pour décortiquer le message de Poutine. D’aucuns pensent qu’il s’agit d’ «une nouvelle version mobile, de missiles Topol-M, qui n’existe actuellement qu’à l’état fixe, installés dans des silos». D’autres spéculent sur le nouveau missile à lancement maritime «Boulava», dont les premiers essais ont eu lieu en 2005.

Il est à souligner qu’à l’étape actuelle des progrès technologiques, aucun missile antimissile n’est fiable. «Même les Américains ne sont pas capables de détruire un missile balistique dans sa phase de lancement» explique Pascal Boniface, directeur de l’Institut de Relation internationales et stratégique (Iris), cité par «Le Nouvel Observateur» du 8-14 février 2007.

Face à la menace américaine, la Russie tente de renforcer le potentiel militaire de l’Iran. Elle a livré à l’Iran 29 batteries de missiles capables d’intercepter des avions et des hélicoptères, des missiles de croisières ou balistiques, ainsi que des drones, à moyenne ou très basse altitude. Le Tor M-1 (le SA-15-SAM-Gauntlet, selon la dénomination de l’OTAN), qui est capable de détruire deux cibles simultanément à une distance de 1 à 12 km, est considéré comme un système antimissile extrêmement performant» (Le Monde du 07/12/05).

De leur côté, la Chine et l’Iran développent leur propre industrie d’armement, de missile et d’antimissile. L’Iran a testé avec succès un missile sol-mer d’une portée de 350 km «capable d’atteindre des navires dans le Golfe persique, la mer d’Oman et le nord de l’océan indien» ont précisé les gardiens de la révolution (DNA du 09/02/07).

Plus important et effrayant pour les Etats-Unis que les missiles, c’est l’intrusion dans le pré carré américain et l’alliance de pays opposés à l’hégémonie américaine. L’Iran, la Russie et la Chine font des investissements au Vénézuéla et dans les pays de l’Amérique Latine qui ont basculé à gauche. «Le ministre vénézuélien de la défense (a annoncé) un projet d’accord militaire pour l’entretien de la flotte aérienne vénézuélienne avec l’Iran» (Le Monde du 1/02/07). Au sujet de leurs relations avec l’Iran, un responsable du département d’Etat américain disait à juste titre que: «le problème, pour nous, n’est pas seulement nucléaire.» (Le Monde du 28/06/05).

Afin de «s’occuper» à plein temps du Moyen-Orient et de l’Iran, les Américains tentent d’apaiser leurs relations avec la Corée du Nord et le Vénézuéla. Un accord semble conclu avec la Corée du nord et G.W.Bush se déplace au Brésil les 8 et 9 mars. «Washington souhaite l’aide des Brésiliens pour rétablir le dialogue avec Caracas et pour faire baisser le ton entre les deux capitales», écrit Annie Gasnier (Le Monde du 10 février 2007).

En attendant, les provocations, attentats et autres manigances américano-israéliennes continuent au Moyen-Orient. La dernière en date est l’attentat d’Ain Alak, contre de simples citoyens, du 13 février à Beyrouth, au nom d’une soit- disant organisation «salafiste», dont l’objectif est d’exacerber la haine et de provoquer la division ethnique et religieuse au Liban. Après la division et l’éclatement de la Serbie et de l’Irak, Le Liban, maillon faible, est dans la ligne de mire des américano-israéliens. Il s’agit de créer, à l’image d’Israël, des pays ethniquement ou religieusement «purs» au Moyen-Orient.

La Russie, la Chine, le Brésil et l’Iran sont des puissances montantes, face aux Etats-Unis. Combien de temps tiendra encore le monde unipolaire, concocté par les néoconservateurs? Combien de destruction et de morts pour se réveiller d’un cauchemar nommé «administration de G.W.Bush»?

11.2.07

Communiqué n° 18

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 14 février 2007
cpjmo@yahoo.fr

Du conflit régional au conflit mondial?

Selon un rapport récent des services de renseignements américains, l’Irak s’enfonce dans le chaos. Il a, de toute évidence, pour objectif de justifier l’envoi de troupes supplémentaires en Irak. A sa lecture on peut se demander si la situation chaotique de l’Irak a modifié la politique moyen-orientale des Etats-Unis?

A entendre Robert Gates, secrétaire à la défense, celui-là même qui avait dit que les Etats-Unis ne peuvent pas gagner la guerre, il existe aujourd’hui quatre guerres civiles en Irak : une guerre intercommunautaire, une guerre intra-communautaire, une guerre provoquée par les insurgés et une guerre liée à Al-Qaida! Le sénateur Biden, candidat à l’investiture démocrate a dit de son côté : «Monsieur le président, n’envoyez pas davantage d’Américains au milieu d’une guerre civile.».

La «nouvelle stratégie» de la Maison Blanche est contestée par le Congrès et la majorité de l’opinion. Elle a été critiquée devant la Commission des forces armées du Sénat par le général Casey, ancien commandant des troupes américaines en Irak. A son tour, Hillary Clinton a des difficultés à trouver sa voie. Elle se dit prête à un dialogue des Etats-Unis avec l’Iran, la Syrie, le Hamas et le Hezbollah sans pour autant exclure la possibilité d’une intervention militaire contre l’Iran. Elle n’est pas la seule à dire tout et son contraire. Les sénateurs démocrates et républicains sont plus que jamais divisés sur la conduite de la guerre. Les démocrates ont voté un projet de résolution du sénateur républicain de Virginie John Warner, affirmant que le Sénat «est en désaccord» avec le plan du président. Cette résolution, a été votée avec le soutien de deux transfuges républicains, qui ont subi des pressions dans les journaux néo-conservateurs. Un texte de soutien aux soldats a failli faire capoter la première résolution.

Les menaces proférées contre l’Iran font apparaître une autre facette du chaos régnant aux Etats-Unis. Manifestement, tout le monde n’a pas la même opinion concernant l’envoi de forces navales dans le Golfe persique. Devant la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, Condoleezza Rice, «ange de la mort», nie en bloc les intentions belliqueuses à l’égard de l’Iran : «Nous ne prévoyons ni ne préparons d’attaque contre l’Iran. Nous ne faisons que répondre aux attaques iranienne qui menacent notre sécurité nationale.» (Le Monde du 09/02/07). Autrement dit : les Américains n’attaquent pas; ils «se défendent» en contre-attaquant! On connaît la chanson : dans le jargon des colonialistes, ce sont toujours les agressés qui sont les agresseurs!

Une autre voix d’opposition, celle de Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller diplomatique de Jimmy Carter, analyse l’essence même de la politique américaine : «L’échec des Irakiens sera imputé à l’Iran.» D’où l’envoi de porte-avions, de sous-marins nucléaires et d’autres navires de guerre dans le Golfe persique.

La prise de position de Brzezinski et de certains généraux contre une intervention militaire en Iran révèle leur inquiétude face au risque d’une extension du conflit à la Russie. En effet, les Russes, qui subissent déjà la pression de l’Occident par l’ouest, sont très allergiques à l’ouverture d’un nouveau front à leur frontière méridionale. Le renforcement de la présence américaine dans le Golfe persique est ressenti comme une menace pour la sécurité de la Russie. C’est pourquoi, au cas d’un conflit éventuel américano-iranien, une intervention «préventive» russe est plus que probable. Le déploiement d’un bouclier antimissile américain sur le territoire de la République Tchèque et de la Pologne, répond effectivement à l’éventualité d’une réaction hostile des Russes. Ces derniers n’ont pas tardé à réagir : «Nous devons avoir la capacité de battre tout système antimissile» a précisé Sergueï Ivanov, le ministre russe des affaires étrangères. Le risque qu’un conflit de nature locale ou régionale dégénère rapidement en conflit mondial ne peut être nié.

L’évocation par Vladimir Poutine de la création d’un cartel de gaz entre principaux producteurs (Russie, Algérie et Iran) répond-t-elle au souci mutuel des Russes et Iraniens de créer un rapport de force pour contrebalancer les chantages militaires et technologiques de l’Occident? La question mérite d’être posée.

Face à la montée de la tension à l’échelle mondiale, les alliés des Etats-Unis prennent leurs distances. Paris appelle à un retrait militaire américain d’Irak en 2008. Rome hausse le ton contre Washington et menace de retirer ses 2000 militaires d’Afghanistan (Le Monde du 08/02/09). Le ministre nippon de la défense critique la guerre en Irak.

En raison de la résistance des milieux pacifistes aux Etats-Unis et dans le but de faire pencher la balance en faveur des faucons américains, Israël amplifie ses provocations au Moyen-Orient. Dans la soirée du mercredi 7 février, un échange de tirs a opposé l’armée libanaise à une unité de l’armée israélienne, après qu’un bulldozer eut franchi sa frontière. Une deuxième provocation israélienne se manifeste sous le prétexte de «fouilles archéologiques», à l’une des entrées de l’Esplanade des mosquées à Jérusalem.

En cas de conflit américano-iranien, une question se présente à l’esprit : comment les Etats-Unis pourront-ils vaincre l’Iran, alors qu’ils pataugent depuis trois ans dans le bourbier irakien, dans un pays moins vaste, moins peuplé, moins préparé et moins équipé que l’Iran qui, lui, dispose d’une industrie d’armement et d’une panoplie de missiles de fabrication nationale, sol-sol, sol-air, sol-mer de grande portée? S’il est vrai qu’ils pourront causer d’importants dégâts à l’Iran, pays en développement, Ils ne resteront pas indemnes à leur tour.

L’expérience de la guerre en Irak montre que chaque coup porté à la puissance américaine, l’affaiblira en contre-coup. Le Golfe persique pourrait bien marquer la fin de sa suprématie.

La présence de l’Iran et de la Syrie, deux pays indépendants du Moyen-Orient, annonce vraisemblablement la libération des pays du «Grand Moyen-Orient» de la domination Occidentale. Le développement de la région du Proche et du Moyen-Orient commencera le jour où cessera sa destruction systématique par les colonialistes américano-britanniques.

8.2.07

Communiqué n° 17

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 11 février 2007
cpjmo@yahoo.fr


Une «Sainte Alliance» nommée
«réalignement»

LES événements politiques, les tensions et les guerres actuelles qui émaillent l’histoire du Moyen-Orient, ne tombent pas du ciel: ils sont les fruits des années de convulsions qui opposent les intérêts des peuples et des nations de la région à ceux des puissances occidentales hostiles. Pour mieux les comprendre, il est nécessaire, voire indispensable de faire un retour sur l’histoire.

DANS les années 1950, des coups d’état nationalistes permirent à l’Ēgypte, à la Syrie, à l’Irak au Yémen et à la Libye d’accéder à l’indépendance politique, en écartant les régimes corrompus et dictatoriaux à la solde de la Grande Bretagne, le grand colonialiste de l’époque. Le canal de Suez, une des trois portes d’entrée à la Méditerranée, se trouva sous contrôle du nouvel Ētat égyptien, dirigé par Gamal Abdel Nasser, chef charismatique de la nation arabe.

LA PERTE de contrôle du canal de Suez était inacceptable pour les puissances occidentales. Une première tentative des armées britannique et française de «récupérer» le canal se solda par un échec. La guerre des six jours en 1967 leur donna l’occasion de le fermer pour de bon. Il resta impraticable pendant plus de 16 ans.

LA défaite de Sadate, successeur de Nasser, pendant la guerre israélo-arabe de 1973 et sa rupture avec l’Union soviétique, suivie de son rapprochement avec les Ētats-Unis, permirent la réouverture du canal. L’Ēgypte devint dès lors un Ētat «ami», donc «fréquentable», récupérant au passage le SinaÏ. L’Ēgypte n’était plus menacée par la destruction colonialiste. Car elle avait conclu un «accord de paix» humiliant avec Israël en 1979.

ĒCONOMIQUEMENT, l’Egypte s’est transformée en «paradis touristique» bon marché de l’Occident et peut exporter vers le marché américain des produits des ZIQ (Zones industrielles qualifiées). Il s’agit de zones situées entre Israël et l’Ēgypte qui fabriquent des produits devant comporter au moins 11,2% de composants israéliens! Au départ, l’Ēgypte avait refusé de signer un tel accord colonialiste avec l’Ētat d’Israël. Mais les «pressions amicales» des Ētats-Unis l’y ont contraint (Le Monde du 16/12/2004). Voilà que nous apprenons qu’en 2007, «l’Ēgypte perçoit les dividendes de la libéralisation de son économie». Comme toutes les économies de type néo-colonial, il y a un hic! Selon la Banque mondiale :«Le pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté est monté à 19,6% pour l’année fiscale 2005-2006, contre 16,7% en 2001.» Il ne s’agit que d’une estimation.

D’AUTRE pays du Moyen-Orient comme l’Arabie saoudite ou le Koweït ne sont pas menacés, non plus, de destruction colonialiste. Ces pays hébergent des bases militaires américaines et les pétrodollars du Koweït et de l’Arabie saoudite retournent aux Etats-Unis pour créer de la richesse chez l’Oncle Sam. Ainsi les Saoudiens ont-ils investi, plus de 400 milliards de dollars dans l’économie américaine. Ce qui représente 7% du PIB (produit intérieur brut) américain. De souveraineté politique ou économique, ces pays n’ont que le mot. L’Ēgypte, l’Arabie saoudite ou le Koweït sont appelés «pays modérés», car satellisés économiquement et serviles politiquement. Ces pays participent à toutes sortes de coalition, dans l’intérêt des Ētats-Unis et contre leur propre peuple et ceux de la région.

DURANT l’occupation de l’Afghanistan par les Soviétiques, l’Arabie saoudite a secouru les Ētats-Unis en finançant en Afghanistan, au Pakistan et en Europe la construction d’écoles coraniques et de mosquées intégristes, centres de diffusion de la haine et de l’intolérance.

ACTUELLEMENT empêtrés dans des guerres meurtrières et coûteuses en vie humaine en Irak et en Afghanistan, les Ētats-Unis tentent de «mobiliser» leurs «amis» saoudiens, égyptiens et israéliens dans une sorte de «Sainte Alliance» nommée «réalignement». «Le professeur» Gary Sick, ex-membre du conseil de sécurité nationale américaine donne la définition suivante : Le «réalignement» vise à créer une alliance entre Israël et les sunnites modérés. «Les Ētats-Unis, Israël et les principaux Ētats sunnites (NDRL: l’Ēgypte ,l’Arabie saoudite,…) sont d’accord sur une chose: l’Iran devient trop fort, trop menaçant, et il faut faire quelque chose», a-t-il expliqué sur la radio publique NPR (Le Monde du 28-29/01/07). Autrement dit, «réaligner» toute la réaction moyen-orientale au service des intérêts géostratégiques et financiers des Ētats-Unis.

«LA CARTE SUNNITE», «la carte chiite», «la carte palestinienne» qui produit actuellement un début de guerre civile en Palestine, opposant militairement l’OLP et le Hamas; et maintenant le «réalignement» sont autant de moyens dont dispose le colonialiste américain pour diviser la résistance régionale au colonialisme, afin de perpétuer sa présence, donc ses méfaits et ses destructions, au Moyen-Orient.

LES DIRIGEANTS de l’opposition au colonialisme l’ont bien compris. Devant des centaines de milliers de personnes réunies pour les célébrations du deuil chiite de l’Achoura, M. Nasrallah a accusé les Ētats-Unis d’être les responsables des divisions en Irak, en Palestine et au Liban, parce qu’il existe dans ces pays des «mouvements de résistance». M. Nasrallah a mis en garde ces «mouvements» contre tout glissement vers «la guerre civile et la discorde.» (Le Monde du 1er février).

UNE NOTE d’optimisme : en son temps, la Grande Bretagne jouait les mêmes «cartes» de division et a fini par plier bagage. Les peuples et nations de la région vont encore souffrir des complots des colonialistes américano-britanniques, fauteurs de tension, de division et de guerre de destruction au Moyen-Orient. Mais l’Histoire nous apprend que, tôt ou tard, les colonialistes américains finiront par subir le même sort que leur prédécesseur britannique.

1.2.07

Communiqué n° 16

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 4 février 2007
cpjmo@yahoo.fr


Destruction systématique
du Moyen-Orient
par les américano-britanniques

AU dix-huitième siècle, l’effondrement simultané de l’empire perse des Shahs Séfévides à l’ouest, et de celui des Grands Moghols, à l’est, qui se disputaient le contrôle de l’Asie centrale et la suzeraineté des tribus afghanes, ouvrit la voie, à la naissance du royaume afghan en 1747 et à l’apparition de la Grande Bretagne et de la Russie sur la scène de l’Asie centrale à partir de 1809. La lutte pour la domination du cœur de l’Asie centrale s’instaura entre un Empire russe au nord et un Empire anglo-indien au sud.

DEPUIS 1747, à cinq reprises, les puissances occidentales, principalement anglo-américaines, ont agressé militairement l’Afghanistan. Voici les principales dates des Guerres anglo-afghanes: La Première: 1838-1842; la Seconde: 1878-1880; la Troisième en 1919; la Quatrième, lancée par les Soviétiques en 1978 et enfin la Cinquième, lancée par une coalition de puissances occidentales conduite par les Américains en 2001 et qui continue à ensanglanter l’Afghanistan.

LES guerres successives des anglo-américains ont détruit complètement le pays, son infrastructure, son industrie naissante, ses institutions, décimé son intelligentsia, empêchant sa (re)construction et sa modernisation. L’Afghanistan reste un pays tribal, encré dans le féodalisme.

LE même «sort» s’est abattu sur l’Irak, pays prospère avant son aventure militaire contre l’Iran en 1980. En effet, encouragé et armé par les Occidentaux (Américains, Britanniques, Français, Allemands, Soviétiques…), et par les pays arabes «amis» de l’Occident (l’Arabie saoudite, le Koweït, …), l’Irak s’est lancé dans une guerre meurtrière contre l’Iran. Les deux pays ont été dévastés par 8 années de guerre. Le bilan de la guerre est lourd : plus d’un million de morts en plus de la destruction des infrastructures routières, des usines, des villes et des voies de communication des deux pays. L’invasion du Koweït par l’Irak a donné l’occasion aux anglo-américains de déclencher la première guerre du Golfe contre l’Irak en 1991, suivie d’un embargo puis d’une guerre de conquête de l’Irak, transformant ce pays en champ de batailles et le ramenant à «l’âge de pierre». La destruction de l’Irak par l’armée américaine continue et offre une «belle occasion» aux entreprises américaines d’y investir. De plus, tous les jours des dizaines de morts irakiens sont annoncés.

A SON tour, l’infrastructure de la Palestine occupée (ponts, routes, aéroport, port, etc.) a été réduite en cendres par l’aviation et l’artillerie israéliennes, allié inconditionnel des Etats-Unis. A n’importe quelle occasion, des maisons palestiniennes sont dynamitées, des champs labourés par l’armée israélienne et, parallèlement, en totale opposition avec les résolutions des Nations Unies, des colonies israéliennes se développent en Cisjordanie.

LE Liban a subi le même sort en juillet-août 2006, lorsque l’aviation et l’artillerie israéliennes ont détruit une grande partie des infrastructures du Liban. «Le Liban a été ramené quinze ans en arrière, selon le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), qui évalue au moins à 15 milliards de dollars les dégâts de la guerre. Plus de 15000 habitations, 80 ponts et 94 routes ont été détruits ou gravement endommagés : tous les efforts faits depuis la fin de la guerre civile ont été anéantis, selon les premières estimations, incomplètes. » (Editorial du journal Le Monde du 29 août 2006).

PROVOCATIONS, intimidations, menaces suivies de guerres de conquête et destruction des nations résistantes: voilà le credo des colonialistes. L’administration de G.W.Bush, pourtant affaiblie, a décidé d’envoyer, en plus de 21500 soldats supplémentaires en Irak, un deuxième groupe aéronaval dans le Golfe persique, comprenant un porte-avions. En outre, des missiles antimissiles Patriote seront envoyés dans la région. La Russie, l’actuelle alliée de l’Iran et de la Syrie, opposée à la guerre du Moyen-Orient a, également, son lot de «boucliers antimissiles» américains qui devraient être déployés bientôt sur le territoire de la République tchèque et de la Pologne. Il est à souligner qu’actuellement, l’Iran est encerclé par 25 bases militaires américaines, disséminées dans tout le Moyen-Orient et en Asie centrale. Tout le monde s’attend à ce que la guerre de destruction s’étende à l’Iran et à la Syrie.

TOUJOURS est-il que la pression de l’administration de G.W.Bush, soutenu inconditionnellement par Israël, s’accentue sur le Moyen-Orient et met tous les peuples et nations de la région en colère.

EST-IL étonnant qu’un hélicoptère soit abattu et un deuxième touché à Bagdad le mardi 23 janvier, le jour où G.W.Bush devait prononcer un discours sur «l’Etat de l’Union»? Ce jour même, la résistance irakienne a affronté l’armée américaine dans le centre de Bagdad. Faut-il s’étonner que l’appel à la grève générale au Liban, lancé par l’opposition contre le gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora, ait lieu le 23 janvier? C’est un avertissement supplémentaire, adressé à G.W.Bush, saisi par une folie meurtrière.

MALGRE sa rhétorique guerrière, les Etats-Unis sont sur la défensive et pour G.W. Bush, se désengager du Moyen-Orient est: «Un scénario de cauchemar

L’EXPERIENCE montre qu’une puissance affaiblie et le dos au mur, est encore plus agressive, commet plus de crimes comme la politique de la «terre brûlée» . Ce fut le cas lors de la guerre du Vietnam et cela risque d’être le cas lors de l’actuelle guerre du Moyen-Orient où les Américains n’ont aucune chance de gagner la guerre d’Irak. Avant qu’il ne soit trop tard, espérons que la résistance des peuples et nations du Moyen-Orient, couplée au mouvement anti-guerre aux Etats-Unis mettront bientôt un terme à la folie destructrice des américano-britanniques.