29.12.06

Communiqué n° 11

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 24 décembre 2006
cpjmo@yahoo.fr


Les cartes de Washington au Moyen-Orient


Même battue, l’équipe de G.W.Bush ne sait faire que la guerre

La carte sunnite

1978 : l’Union soviétique, (Empire qui disparaîtra en 1991), envahit l’Afghanistan. La résistance s’organise aussitôt sur tout le territoire, du Nord et au Sud de l’Afghanistan. L’Occident aussi prend part à la résistance.

LES ETATS-UNIS sortent leur «carte sunnite» et une machine à trois têtes se met en marche. Sur son territoire, à la frontière afghane, le Pakistan (sunnite) ouvre des dizaines d’écoles coraniques, financées par l’Arabie saoudite (sunnites, adeptes d’un islam rigoriste). On y forme à la chaîne des soldats fanatisés appelés talibans. Les Etats-Unis fournissent des armes. Ben laden, Saoudien et agent de la CIA, devient agent de liaison. On connaît la suite. Une guerre impitoyable oppose l’Union soviétique à la résistance afghane dont font partie les talibans, «éduqués», financés et bien armés.

L’UNION soviétique perd la guerre et laisse à la résistance un pays dévasté par une dizaine d’années de guerre. Tout reste à reconstruire alors que la résistance arrive au pouvoir, plus que jamais divisée. La corruption et l’incurie des hommes au pouvoir à Kabul ouvre un boulevard aux talibans rigoristes qui, soutenus par les services secrets pakistanais, conquièrent l’Afghanistan, en y installant un régime obscurantiste et moyenâgeux.

LES ETATS-UNIS ont applaudi à l’installation du nouveau pouvoir en Afghanistan, espérant pouvoir l’utiliser comme un nouveau corridor pour acheminer le pétrole de l’Asie centrale vers l’Océan indien. C’était sans imaginer la «trahison» desdits talibans et de leur mentor Ben Laden qui se sont retournés contre l’oncle Sam, leurs maîtres.

La carte chiite

L’ATTENTAT suicide du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles du «World Trade Center», a définitivement scellé l’animosité entre les «anciens amis». Cet attentat a offert l’occasion aux Etats-Unis d’en découdre avec ses ex-protégés. Ce d’autant plus qu’un plan d’invasion de l’Irak était déjà prêt dans les tiroirs du Département d’état américain. C’était la fin de la «carte sunnite» et le début d’une autre «carte», chiite cette fois. En effet déclencher une guerre nécessite de chercher des alliés. Il n’y a pas mieux que les chiites qui ont tant soufferts des rigoristes sunnites en Afghanistan et de la dictature de Saddam Hussein! Les contacts ont été établis avec l’Iran qui voyait d’un bon œil le démantèlement des régimes taliban et irakien. Lors de la campagne militaire américaine en Afghanistan et en Irak, les chiites, à l’écoute de l’Iran, ont observé une attitude neutre, ce qui a facilité le renversement des régimes ennemis de l’Iran.

CONTRAIREMENT à la «carte sunnite», docile et obéissante, la «carte chiite» est un allié de circonstance. Après avoir facilité le renversement des régimes afghan et irakien par les Etats-Unis, l’Iran attend patiemment que les Américains acceptent leur défaite en Irak et qu’ils décident de quitter ce pays. Mais des rumeurs circulent en vue d’une augmentation «provisoire» des forces américaines, permettant un «nettoyage» de Bagdad, alors que le dernier «nettoyage» en date a tourné au fiasco. En juin 2006, lors de l’opération «En avant tous ensemble» quelque «60000 hommes, dont un tiers de soldat américains, se sont déployés dans les rues de Bagdad pour «nettoyer» la capitale des insurgés sunnites qui s’y activent en toute impunité. Les deux phases successives de l’opération ont été un échec retentissant.» (Le Monde du 01/12/06). L’envoi éventuel de troupes supplémentaires exacerbera les tensions en Irak et dans la région.

IL EST à souligner que les alliances à la «carte» des Etats-Unis ont, avant tout, un caractère politique et n’excluent pas des alliances croisées. Sur la scène irakienne, une alliance entre Chiites et Kurdes (sunnites) combat les insurgés sunnites. De même, à l’échelle du Moyen-Orient, une grandes alliance régionale et multiconfessionnelle, Chiites, Sunnites (le Hamas palestinien) et Maronites libanais, s’est formée contre les Etats-Unis et son allié israélien.

L’ADMINISTRATION de G.W.Bush ne sait pas faire la paix. Actuellement, suite à l’impasse de l’«unilatéralisme» de G.W.Bush sur tous les plans, c’est l’impasse et l’attente en Irak, au Liban et en Palestine. Cette dernière, à la place d’un Etat promis en 2005, n’a eu que des «promesses» de la «communauté internationale». La montée en puissance du Hamas résulte de l’impasse dans laquelle se trouve la Palestine. A cet égard, l’éditorial du Monde du 19/12/06 est éloquent, lorsqu’il parle de Mahmoud Abbas, président de l’autorité palestinienne: «M.Abbas est incapable de présenter le moindre bilan (…) Il est le jouet de l’unilatéralisme israélien soutenu par Washington.»

CETTE situation ne peut pas durer éternellement. Suite à la défaite cuisante américaine en Irak, l’année 2007 s’annonce prometteuse pour les forces anti-impérialistes du Moyen-Orient. Elles ont le vent en poupe. La montée en puissance de l’Iran, perçu comme «une menace majeure» par les pro-américains, avait incité l’Arabie saoudite à brandir un moment la menace de «soutien aux sunnites irakiens». Ceux là même qui combattent activement la présence américaine en Irak.

APRES les «cartes» sunnites et chiites, quelle carte va jouer l’administration de G.W.Bush?

17.12.06

Communiqué n° 10

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 17 décembre 2006
cpjmo@yahoo.fr


Le Liban est-il la «chasse gardée»
de Condoleezza Rice?

Condoleezza Rice et le Liban

Lorsque les médias parlent de l’opposition libanaise, ils ajoutent immanquablement le qualificatif «prosyrien». C’est comme si l’opposition libanaise ne pouvait exister en tant que telle. La même rengaine s’entendait pendant la guerre du Liban au mois de juillet.

Cette guerre d’agression, planifiée de longue date, faisait partie du plan américain pour créer, selon Condoleezza Rice, le «nouveau Moyen-Orient». Que disaient, alors, certains journalistes et hommes politiques de la guerre du Liban? Voici le titre de l’éditorial du 23 juillet de Jean-Claude Kiefer dans les «Dernières Nouvelles d’Alsace» (DNA): «Le piège iranien». Et puis : «Pourquoi cette aventurisme iranien?» De son côté, Jean Daniel, directeur du «Nouvel Observateur» titrait ainsi son éditorial du 20 juillet : «Que veut le Hezbollah?» Quant à Joschka Fischer, ancien ministre des affaires étrangères et vice-chancelier d’Allemagne, il affirmait dans Le Monde du 08/08/06: «Liban : le mauvais calcul iranien».

A la question du journaliste italien du journal «Il Manifesto» (26 juillet 2006): «Le Liban est-il, comme on soutient à Washington, le jardin dans lequel d’autres pays, Syrie et Iran, viennent jouer dans le but de favoriser leurs propres intérêts stratégiques», Emile Lahoud, président du Liban, répondit: «Quel est le lien entre nos prisonniers détenus en Israël, pour certains depuis 30 ans, et la Syrie et l’Iran? Quel est le lien entre Damas et Téhéran et les cartes des mines antipersonnelles qu’Israël ne veut pas nous remettre, en provoquant aujourd’hui encore des morts et des blessés dans nos régions méridionales? Quel est le lien entre l’occupation israélienne des Fermes de Chebaa et l’Iran et la Syrie? Quel est le lien entre la question palestinienne au Liban (centaine de milliers de réfugiés dans les camps, ndt) avec l’Iran et la Syrie? Il est inutile de tourner autour des problèmes. Les Libanais ne demandent que leurs droits légitimes qu’Israël ignore. Nous ne voulons pas les récupérer qu’en combattant. Il nous suffit de les recueillir à une table de négociation

Pour l’administration de G.W.Bush, le monde n’est qu’un «grand jardin» (pour ne pas dire une jungle), propriété des Etats-Unis. Aucun pays, que ce soit l’Afghanistan, l’Irak ou tout autre «pays ami» des Etats-Unis, n’a le droit de disposer de son territoire ou de sa souveraineté. Les pays appartenant au camp américain sont réputés «libres», sinon il sont «pro» ceci ou «pro»cela ! C’est ainsi que la résistance libanaise, soucieuse de la souveraineté et de l‘intégrité territoriale du Liban, est traitée de «prosyrienne». Condoleezza Rice va encore plus loin et se comporte comme si le Liban était sa «chasse gardée»: l’avenir du Liban n’est «pas négociable» dit-elle en s’adressant à l’Iran et à la Syrie (Le Monde du 13/12/06).

A la géopolitique vue des Etats-Unis, les peuples opposent la leur : «Ce qui n’est pas négociable c’est la souveraineté des nations

Condoleezza Rice et l’Irak

C.Rice est «très fière» de son activité concernant l’Irak. «Non seulement je n’ai pas de regret d’avoir participé à la libération de l’Irak et au renversement de Saddam Hussein, mais je suis très fière que mon pays ait finalement aidé à libérer 25 millions d’Irakiens d’un tyran » a- t-elle déclaré à l’AFP (Le MOnde du 13/12/06).

Quelle est la réalité? En Irak, le régime de Saddam Hussein, dictatorial et corrompu a été remplacé par un autre régime de type néo-colonial et tout autant, sinon plus corrompu. Voici ce que dit le fameux rapport Baker- Hamilton: «La corruption est plus responsable de la débâcle du secteur pétrolier que l’insurrection.» Et voici quelques aspects qui font la «fierté» de Condoleezza Rice : «La stabilisation de l’Irak semble irréalisable et la situation ne cesse de se détériorer (…) Les attaques contre les forces américaines, les forces de la coalitions et les forces de sécurité irakiennes sont incessantes et en augmentation. (…)Jusqu’en décembre 2006, près de 2900 Américains ont perdu la vie en Irak. 21000 autres ont été blessés. (…) L’inflation est supérieur à 50% et le taux de chômage oscille entre 20% et 60%.» Tout ceci, pour que les majors américaines aient un accès direct aux réserves de pétroles irakiennes !

La seule solution qui permettra aux peuples de la région de vivre en paix, c’est le respect de la souveraineté des Etats, le départ de toutes les forces colonialistes, la fin des ingérences extérieures, et enfin la suppression de toutes les bases militaires occidentales et colonialistes du Moyen-Orient.

10.12.06

Communiqué n°9

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 10 décembre 2006
cpjmo@yahoo.fr


Pourquoi le Liban ?

Le Liban est devenu une caisse de résonance de conflits au Moyen-Orient


La résistance défend la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban

Suite à la défaite inavouée et pas non moins cuisante américaine en Irak, la situation évolue rapidement au Moyen-Orient. Les rencontres de haut niveau se succèdent entre G.W.Bush et Dick Cheney d’une part, et les dirigeants des «pays amis» (Irak, Jordanie, Arabie saoudite) d’autre part. L’objectif étant de préparer le terrain à «La Marche à suivre » (The Way Forward) en Irak et au Moyen-Orient. Nous observons que les modifications des rapports de forces se répercutent surtout au Liban. Pourquoi le Liban ?

L’offensive américaine en Irak a ressemblé à un ouragan, balayant tout sur son passage. Après celle de l’Irak, les pessimistes pronostiquaient l’occupation imminente de la Syrie par l’armée américaine. La Syrie n’a pas été occupée, mais elle a été contrainte de quitter le Liban, après avoir été accusée par ce que l’on nomme la «communauté internationale» (c’est-à-dire l’Amérique et l’Union européenne) du meurtre de Rafic Hariri, ce qu’elle a toujours nié. Les pro-occidentaux de tous poils, les hommes d’affaires louches, les «mille familles» puissantes et les chefs de tribus ainsi que les anciens directeurs généraux des banques occidentales ont repris du poil de la bête et sont devenus les forces dominantes de la scène libanaise. Tout baignait dans l’huile pour les Gemayel, les Hariri et consorts.

Mais avec le temps, les Américains ont commencé à faire du sur place en Irak et d’une position offensive, ils sont passés à une position défensive. Les pertes (tués et blessés) se sont accumulées et le chaos s’est installé en Irak. Le rêve d’un «Grand Moyen-Orient» docile s’est envolé.

Dans un élan de désespoir et pour venir en aide aux Etats-Unis, l’armée israélienne s’est abattue sur le Liban, espérant ouvrir un nouveau front en «détruisant» la résistance libanaise, devenue, avec l’Iran et la Syrie, autant d’obstacles à l’avènement d’un «Nouveau Moyen-Orient», prélude au «Grand Moyen-Orient». Les «stratèges» qui, depuis les Etats-Unis, ont conduit l’Amérique dans le bourbier irakien ont poussé Israël dans une impasse au Sud Liban. On connaît la suite : la résistance libanaise est sortie renforcée de l’épreuve de force avec Israël.

La défaite des républicains aux élections de mi-mandat, a sonné le glas des néoconservateurs et le reflux de la puissance américaine et occidentale au Moyen-Orient. La majorité gouvernementale libanaise ne peut plus compter comme avant sur le soutien de ses protecteurs occidentaux, discrédités. Les vrais patriotes libanais ont commencé à émerger et même à menacer le gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora. La réaction résiste et ne cède pas facilement le terrain. L’assassinat de Pierre Gemayel est venu à point nommé pour porter un coup à la montée en puissance de l’opposition libanaise. Rapidement et sans aucune preuve ni enquête, les doigts accusateurs occidentaux et pro-occidentaux se sont pointés vers la Syrie et la résistance libanaise. Mais il était déjà trop tard. La coalition formée par l’Iran, la Syrie et la résistance libanaise, est en ascension et la mort du malheureux Pierre Gemayel ne profitera pas à ses assassins.

Le gouvernement actuel du Liban n’a rien fait pour défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban. Absente depuis 40 ans du Sud Liban, l’armée libanaise n’est pas en mesure de défendre les frontières du pays. De ce fait, le pays du Cèdre s’est transformé en un terrain idéal de manœuvres de toute sortes des puissances occidentales et Israël, qui viole impunément son espace aérien et maritime, occupe des parcelles de son territoire. C’est la résistance libanaise, armée par ses alliés iraniens et syriens, qui se charge de la défense nationale. Le Liban est devenu la caisse de résonance des conflits au Moyen-Orient : le gouvernement libanais et ses protecteurs colonialistes occidentaux contre la résistance libanaise et ses alliés orientaux.

Du coup, les médias occidentaux accusent la résistance d’être à la solde de ses alliés. C’est méconnaître la résistance libanaise, populaire, qui a une assise sociale solide. D’autre part, Il serait naïf de croire que la haine que voue Jacques Chirac à Bachar Al-Assad, le président syrien, soit d’ordre personnel. La France voit le Liban comme une «chasse gardée» et le soutien de la Syrie à la résistance libanaise, retarde la mainmise française sur le pays du Cèdre.

Il y aura certes des pourparlers entre les Etats-Unis d’une part, et l’Iran et la Syrie, d’autre part. Les discussions vont entériner les nouveaux rapports de forces qui s’établissent lentement au Moyen-Orient. Les discussions vont annoncer la fin de la première partie du conflit au détriment des Etats-Unis et d’Israël, mais n’annoncent absolument pas l’établissement d’une paix définitive dans la région.

La deuxième partie a déjà commencé : «la plupart des journaux israéliens évoquent la possibilité d’une nouvelle guerre contre le Hezbollah pour l’été 2007» (Le Monde du 5/12/06). C’est possible. D’autant plus que les accusations pleuvent déjà sur la résistance libanaise : «Un rapport des nations-Unies renforce les accusations israélienne à propos du réarmement du Hezbollah» (Le Monde du 08/12/06). Même si les «informations» fournies par Israël s’avéraient justes, pourquoi serait-il interdit de s’armer pour défendre l’intégrité territoriale et la souveraineté du Liban, bafouées par Israël? Si ce n’est pas au Liban, ce sera ailleurs, pourquoi pas dans le Golan?

Le seul langage que connaissent Israël et les Etats-Unis est celui de la force. Ce qui a été pris par la force sera repris par la force. L’établissement définitif de la souveraineté du Liban par la résistance libanaise ou la création d’un Etat palestinien n’échappe, malheureusement, pas à cette logique macabre des rapports de forces. La partie continue.

4.12.06

Communiqué n°8

Paix et Justice au Moyen- Orient
STRASBOURG le 5 décembre 2006
cpjmo@yahoo.fr



La deuxième phase de la révolution
bourgeoise démocratique au Moyen-Orient

Le Liban traverse une phase pré-révolutionnaire

Au Moyen-Orient, la période des révolutions «bourgeoises démocratiques» a commencé en 1906, avec la victoire de la révolution constitutionnelle en Perse (Iran). Cette révolution suivait deux objectifs : combattre l’ingérence étrangère (russe) et adapter la monarchie absolutiste à la modernité. La bourgeoisie iranienne, devenue propriétaire foncier, n’avait pas un caractère républicain. La révolution a tenu 15 ans. En 1921, un coup d’état contre- révolutionnaire d‘inspiration britannique, renversa le pouvoir issu de la révolution et mit en place la dynastie des Pahlavi. En raison de son attitude complaisante envers le régime hitlérien, le fondateur du régime des Pahlavi, vassal de la puissance britannique, fut remplacé par son fils, Mohammad Réza Chah. S’en est suivi un affaiblissement du régime des Pahlavi. L’opposition, dirigée par le Dr. Mossadegh, chef charismatique du Front national, l’aile laïque de la bourgeoisie nationale iranienne, mit à profit cette situation pour nationaliser l’industrie pétrolière et entamer un bras de fer avec l’impérialisme britannique. Le Chah d’Iran prit la fuite et s’installa en Italie. Un autre coup d’état d’inspiration américaine cette fois, mit fin à la période révolutionnaire des années 1950 et ramena le Chah déchu au pouvoir en 1953.

Une vague anti-impérialiste gagna les pays musulmans de la région. Coup d’état après coup d’état, les nationalistes prirent le pouvoir en Egypte, en Irak, en Syrie et au Yémen. En Algérie, une guerre sanglante anti-colonialiste permit aux Algériens d’accéder à l’indépendance. Le dernier coup d’état en date permit aux nationalistes libyens de réaliser leur «révolution bourgeoise démocratique et anti-impérialiste».

Malgré son caractère anti-impérialiste et républicain, le bilan de la première phase de la «révolution bourgeoise démocratique» au Moyen-Orient n’est pas très positif. Au pouvoir depuis plus de 50 ans, elle n’a apporté aux peuples qu’archaïsme, dictature politique, brutalité policière et pauvreté. Les multiples défaites, dans le conflit qui les opposait à Israël, ont fini par discréditer définitivement les régimes issus des coups d’état. Le peuple s’est détourné des régimes en place pour se tourner vers les islamistes.

Défaite américaine au Vietnam

La défaite américaine au Vietnam donna le signal de départ de la deuxième phase de la «révolution bourgeoise démocratique» au Moyen-Orient. En effet, suite au discrédit américain et au reflux de sa puissance, une révolution, menée par l’aile droite extrême de cette bourgeoisie, les islamistes chiites, balaya en 1979 la monarchie dictatoriale du Chah d’Iran, en instaurant une «république islamique». Cette révolution se caractérise surtout par son aspect anti-impérialiste. Les deux premiers mots d’ordre de la révolution étaient alors: Liberté, indépendance.

Echec américain en Irak

L’échec de l’expédition américaine en Irak aura-t-il les mêmes conséquences que celles du Vietnam? Toujours est-il que l’échec et le discrédit (militaire et moral) américains en Irak profitent largement à l’Iran et aux mouvements islamistes, qui représentent, à présent, les bourgeoisies «souverainistes» des pays arabo-musulmans. Nous sommes en présence d’un mouvement d’ampleur régionale qui, tôt ou tard, atteindra tous les régimes aux ordres des puissances occidentales.

Le Liban, nouveau terrain d’affrontement contre la politique américaine

La situation du Liban est révélatrice à bien des égards. Le gouvernement libanais n’arrive pas à défendre la souveraineté du pays. Ses espaces aérien et maritime sont bafoués par Israël et le Sud du pays est occupé «légitimement» par des forces étrangères. Israël organise impunément des excursions au Liban Sud, pompe l’eau des fleuves libanais, organise des rafles au Sud Liban et occupe les fermes de Chebaa. De surcroît, le gouvernement libanais est aux ordres des puissances occidentales. Le mouvement actuel de protestation, organisé par des courants nationalistes chiite et chrétien, exige, avant tout, le rétablissement de la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale du Liban. Il s’agit d’un mouvement profond, populaire et anti-impérialiste. Le Liban traverse une phase pré-révolutionnaire.

Tout porte à croire que l’administration de G.W.Bush, consciente des dégâts causés par sa politique néoconservatrice au Moyen-Orient, tente de réduire les dégâts. Le voyage de Dick Chenay, vice-président des Etats-Unis, en Arabie saoudite et le voyage de G.W.Bush en Jordanie, ont-ils pour objectif la construction d’une coalition des «pays amis» des Etats-Unis pour faire face à la montée en puissance du camp anti-impérialiste au Moyen-Orient ?

«Paix et Justice au Moyen-Orient» soutient fermement le mouvement anti-impérialiste des patriotes libanais et souhaite leur victoire.

3.12.06

Articles à consulter

Vous pouvez consulter mes articles, publiés dans les
"Dernières Nouvelles d'Alsace" (DNA):
http://www.dna.fr

- Le fossé entre l'Occident et l'Orient- DNA du 15/02/05

- Deux siècles d'ingérence et d'afffrontements- DNA du 25/09/04

- Fondamentalisme islamiste: pourquoi?- DNA du 15/03/04

- La guerre permanente au Moyen-Orient- DNA du 31/10/03

- La résistance irakienne- DNA du 18/09/03

- Proche-Orient: la reconquête américaine- DNA du 13/06/03

- Naissance d'un nouvel ordre mondial- DNA du 06/05/03

- Pourquoi la guerre d'Irak aura lieu- DNA du 27/09/02

- Le colonialisme à visage humain- DNA du 03/12/01